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Excision : une étude souligne le succès de la chirurgie reconstructrice

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Dans un article publié mardi 12 juin par le journal médical britannique The Lancet, le Dr Pierre Foldes, chirurgien à l'hôpital Poissy-Saint-Germain-en-Laye et ses collègues font état du succès de la procédure, en se fondant sur le suivi de 866 patientes.

"La reconstruction du clitoris est possible", affirment les auteurs de l'article, qui ajoutent que cette chirurgie "peut améliorer le plaisir des femmes et diminuer leurs douleurs. Cela permet également aux femmes mutilées de récupérer leur identité".

UNE INTERVENTION REMBOURSÉE PAR LA SÉCURITÉ SOCIALE

Plus d'un tiers des femmes qui n'avaient jamais connu d'orgasme auparavant, ont commencé à en avoir après l'intervention chirurgicale. Avec l'aide d'un sexologue, la moitié de celles qui avaient des "orgasmes limités" parviennent désormais régulièrement au plaisir.

Parmi les patientes du Dr Pierre Foldes, l'un des rares médecins en France spécialement formés pour pratiquer ce type d'intervention, remboursée par la Sécurité sociale française depuis 2004, Fatima Sheriff explique que sa vie a changé après avoir subi une opération de reconstruction de son clitoris.

"C'est la meilleure chose que j'aie jamais faite. Pour la première fois, je vis ma vie", explique Mme Sheriff, qui a récemment commencer à raconter son expérience et envisage de lancer un blog intitulé "Mon clitoris et moi" pour encourager d'autres femmes à subir l'intervention.

"JE ME SOUVIENS QUE J'AI RÉSISTÉ"

Fatima Sheriff fait partie des 140 millions de femmes à travers le monde qui ont subi des mutilations génitales - il s'agit généralement de l'ablation du clitoris et des petites lèvres, soit partiellement, soit en totalité -, une pratique censée réduire la libido et garantir la chasteté.

"Je me souviens que j'ai résisté", explique la jeune femme originaire de la Sierra Leone, aujourd'hui âgée de 32 ans, en pointant son dos, qui porte une cicatrice provoquée par une pierre. Elle avait quatre ans. "Si quelqu'un m'infligeait cela aujourd'hui, je crois que je le tuerais", ajoute-t-elle.

Les 2 938 patientes traitées par le Dr Foldes entre 1998 et 2009 étaient principalement originaires du Mali, du Sénégal et de la Côte d'Ivoire, mais 560 avaient été excisées en France. La plupart d'entre elles avaient entre 5 et 9 ans au moment de l'ablation.

TROIS MILLIONS DE VICTIMES CHAQUE ANNÉE

Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), quelque trois millions de fillettes font l'objet chaque année de mutilations sexuelles. Au-delà de l'Afrique subsaharienne, la pratique est également présente au Proche-Orient et dans les communautés immigrées originaires de ces pays installées en Europe ou en Amérique du nord.

Interdites en France et dans les autres pays occidentaux, les mutilations sont combattues par l'OMS et l'Unicef, notamment en raison des problèmes de santé qu'elles entraînent. Parmi lesquels figurent les infections urinaires, les kystes, la stérilité et un risque accru de complication lors de l'accouchement.

Mais, reconnaît l'étude, dans la plupart des pays, notamment ceux en développement, le coût de la chirurgie reconstructrice reste prohibitif.

"Entre 55 000 et 65 000. C'est le nombre de filles et de femmes victimes de mutilations sexuelles ou menacées de l'être en France. Pour lutter contre ce fléau, la secrétaire d'Etat à la solidarité, Valérie Létard, a lancé une campagne de sensibilisation mardi 14 avril. Affiches et brochures d'information invitent les femmes à "briser la loi du silence" en leur rappelant que "la loi française est applicable à toutes les jeunes filles, quelle que soit leur origine ethnique".

Henri-Jean Philippe, chef du service de gynécologie-obstétrique au CHU de Nantes et président de l'association Gynécologie sans frontières, pratique la reconstruction du clitoris. Principales mutilations : l'excision - ablation de la partie externe du clitoris - mais aussi l'infibulation - suture des grandes ou petites lèvres de la vulve. Pour le médecin, cette "maladie" possède une triple dimension, médicale, psychologique et culturelle, qui nécessite une prise en charge globale des patientes.

L'existence d'un acte chirurgical visant à réparer l'excision prouve qu'il s'agit d'une véritable "mutilation", souligne Henri-Jean Philippe. Ses conséquences sur la santé sont désastreuses, à court et long terme, qu'il s'agisse d'infections, de difficultés à avoir des rapports sexuels ou à accoucher. Sans compter les jeunes filles qui décèdent suite à cette pratique.

Des répercussions sexuelles peuvent aussi survenir, selon l'âge ou est pratiquée l'excision. "Les filles qui l'ont subie à 2 ou 3 ans vont débuter leur sexualité sans clitoris. Il n'y aura donc pas d'avant et d'après, explique le médecin. Au contraire, si une femme est excisée autour de 12 ou 14 ans, sa vie sexuelle est totalement détruite."

Seule solution : l'opération chirurgicale. Elle consiste à pratiquer une incision du pubis afin de "dégager" le reste du clitoris, enfoui sous la cicatrice liée à l'excision. Cet acte, qui dure en moyenne une demi-heure, permet aux femmes de récupérer la sensibilité du clitoris, trois à six mois plus tard, dans plus de deux tiers des cas.

Henri-Jean Philippe insiste sur l'importance de sensibiliser les femmes excisées pour éviter qu'elles ne pratiquent à leur tour des mutilations sur leurs filles.

Audrey Garric"

Source : Le Monde.fr avec AFP | 12.06.2012 à 17h18